En effet, une étude réalisée à l’université de l’Iowa avait pour objectif d’étudier la persistance dans le temps du ressenti d’une émotion lorsque le facteur déclenchant de cette émotion était oublié. Pour cela, ils ont fait visionner des vidéos tristes ou gaies à 17 patients atteints de la maladie d’Alzheimer et à 17 volontaires sains.
Chez tous les sujets, les vidéos déclenchent l’émotion attendue : la tristesse et des larmes pendant les vidéos tristes et le rire pendant les vidéos gaies. Cinq minutes après le visionnage, les chercheurs ont demandé à toutes les personnes de raconter ce qu’elles avaient vu. Les patients atteints de la maladie d’Alzheimer ne restituaient que peu d’informations mais ils étaient capables de préciser s’ils avaient ressenti de la tristesse ou de la joie. De plus, ce ressenti émotionnel était persistant pendant au moins 30 minutes après le visionnage (surtout la tristesse).
En conséquence, le fait que des événements oubliés ont un impact important durable sur la vie émotionnelle d’un patient suggère que les soignants et les aidants ont une influence profonde, bonne ou mauvaise, sur l’état émotionnel des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Ainsi, ces patients peuvent ne pas se souvenir de la visite d’un être cher ou d’une négligence dans leurs soins, mais ressentir durablement un bien-être ou un malaise. Il est donc nécessaire pour les soignants ou les aidants d’éviter de provoquer des sentiments négatifs et au contraire, il est recommandé de favoriser un environnement propice au bien-être.
Les résultats de ces travaux devraient avoir des conséquences en termes de formation des soignants et des aidants. Ils indiquent aussi que la recherche a des implications immédiates dans la manière de prendre en charge les patients atteints de la maladie d’Alzheimer en suggérant notamment le développement de nouvelles interventions permettant d’améliorer leur bien-être.